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[La Pelle du 18 juin] On a besoin de votre soutien !

 

Cinq mois après notre action pacifique du 18 juin 2020, aucune suite n'a été donnée à nos plaintes et pourtant déjà l'un de nos membres est poursuivi pour "légère dégradation d'une vitre arrière de tracteur".

L'action étant portée par le Collectif Aliment-Terre, nous soutenons Jean-Marc Louvet et souhaitons porter la charge financière liée à sa défense. Nous lançons donc un appel à votre soutien pour nous aider à couvrir les honoraires de l'avocat qui nous accompagne, soit 1 100 €.

 

Pourquoi une telle action ?

 

Le Collectif Aliment-Terre agit depuis 5 ans pour obtenir plus d’autonomie et de qualité alimentaire sur le territoire du Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre. Depuis juillet 2018, il est à l’origine de l’élaboration d’un Projet Alimentaire Territorial, dont l’une des actions concerne la remise en culture de terres en friches, soit une capacité de 352 hectares pour le seul bassin sud (étude menée en collaboration avec l'Université de Bordeaux Montaigne). 

 

Après avoir tenté d’obtenir des périmètres de protection des terres agricoles, puis de négocier des locations auprès de propriétaires fonciers, le Collectif a senti le besoin d'agir plus directement, par la remise en culture de terres sous utilisées ou à l’abandon. Cette action s'est accompagnée d'une lettre ouverte envoyée à toutes les communes du pays Barval (1er mai 2020) ainsi que d'une lettre adressée à Mme la Préfète (24 avril 2020). Dans cette dernière, nous demandions la mise en œuvre de la procédure dites « terres incultes » pour installer des jeunes agriculteurs et agricultrices actuellement à la recherche de foncier agricole. 

 

Malgré des années de discussions et de rencontres avec les institutions, nous avons vécu les limites de la démocratie locale face à l'urgence sociale, écologique et économique.

 

Ainsi, à la sortie du confinement dû à la Covid-19, le jeudi 18 juin 2020, le Collectif Aliment-Terre organisa une action non violente permettant d’exposer symboliquement le rapport de forces existant sur l’accès au foncier pour l’installation agricole. L’objectif était de mettre en culture maraîchère 100m² de friche agricole  et de poser 4 banderoles sur la propriété de Mr De Gabiole.

 

Celle-ci était ciblée pour différentes raisons :

- il s'agit d'une friche au sens de l'article L125-1 du code rural (terre sous "exploitée")

- elle est en face d'une école primaire et maternelle du Teich (possibilité d'approvisionner la cantine et d'organiser des ateliers de sensibilisation au jardin)

- elle appartient à l'un des plus importants propriétaires fonciers du Teich, possédant entre autres 52 hectares en friche autour de son château.

- nous avions, par le passé, négocié plusieurs fois avec lui mais il refuse le bail agricole et demande 2000€ par hectare et par an

- il n'y a quasiment plus de foncier communal (et encore moins avec un potentiel agricole pourrait être intéressant) et la spéculation foncière ou l'inaction des propriétaires privés est, pour nous, une forme de violence.

 

Malgré le changement de doctrine dans nos modes d'action, nous assumons totalement le fait d'être dans l'illégalité en menant cette action symbolique et non violente. Une conférence de presse a eu lieu le midi du 18 juin pour expliquer notre action.

 

Un accueil violent pour une action non violente ! Court récit des faits.

 

Jeudi 18 juin 2020, 8h00. Il pleut à verse. Nous entrons par le chemin de tracteur, rue du port (Teich). Pas de portail, nous entrons directement sur le champ à droite. Plus tard, un panneau, une table et un petit barnum signaleront l'entrée pour accueillir les visiteurs et militants.

Les herbes sont alourdies de toute l'eau qu'il tombe depuis quelques jours, mais elles nous arrivent quand même à la taille. Nos pas sont lents, nous ne voyons pas grand chose mais nous sommes déterminés à installer nos banderoles. Nous débarquons le matériel, chacun sait ce qu'il doit faire. Nous montons les mâts et les grandes voiles marquées des slogans "Ici on peut nourrir Le Teich" ou "la Terre aux paysans". Ça y est, les banderoles sont quasiment prêtes. Et, pendant ce temps, sur un petit bout de la parcelle, au plus proche de la rue, nous commençons à mettre en culture (fauchage, motoculteur puis plantations).

 

A 9h30, nous apercevons un tracteur qui arrive par le chemin menant au château du Ruat. Le tracteur se dirige vers nous à pleine vitesse. Nous comprenons tous et toutes que notre action non violente peut à tout moment tourner au drame. Face à l'engin imposant, et sous cette forte pluie, nous nous sentons impuissants... Le coeur palpite, et pendant l'attaque rapide et violente du tracteur, nous n'avons même pas le temps de filmer... l'un de nos membres arrive tout de même à prendre ces quelques clichés :

 

Pour tenter d'arrêter le "tracteur fou", l'un de nos membres, Jean-Marc, lève les bras. A ce moment, le conducteur ne ralenti ni ne dévie de sa trajectoire. Jean-Marc s'en écarte pour ne pas être écrasé puis le tracteur heurte la motobineuse, mettant en danger celui qui le manie. Jean-Marc saute en marche sur les bras d'attelage du tracteur et tambourine sur la vitre arrière en demandant au chauffeur d'arrêter. Puis le conducteur du tracteur fonce en direction des autres banderoles et les écrase. Heureusement, les personnes qui étaient en train de finaliser le montage des banderoles ont tout juste eu le temps de s'en écarter.

 

A quelques mètres de la dernière banderole écrasée, le tracteur entame un virage pour faire demi-tour et venir écraser la dernière banderole. C'est à ce moment que Jean-Marc tombe du tracteur et se blesse légèrement au poignet.

 

Heureusement que les enfants n'étaient pas encore présents sur les lieux, d'autant plus avec ces hautes herbes...

 

Juste après l'attaque, nous appelons les gendarmes et nos avocats. Vers 10h30, les gendarmes arrivent sur les lieux. 

 

Une première suite donnée à l'action : Jean-Marc, accusée d'avoir cassé la vitre arrière du tracteur.

 

Les gendarmes font leur constat et interrogent les personnes présentes. Immédiatement, de victimes nous devenons coupables et Jean-Marc est considéré comme le meneur ("chef naturel du groupe") alors que notre association n'a pas de président et fonctionne en collégiale de la façon la plus démocratique possible. Ensuite les 7 personnes présentes sont auditionnées en gendarmerie dont 2h30 pour Jean-Marc.

 

Plainte est déposée contre Jean-Marc pour dégradation légère de la vitre arrière. La vitre en place est en plexiglass de faible épaisseur scotchée sur la cabine.

 

Jean-Marc assisté de son avocat refuse la médiation proposée par le substitut du procureur au tribunal de proximité d'Arcachon. Médiation qui consiste à payer 316,14€ pour une vitre neuve aux normes.

 

Le parquet ne classe pas l'affaire et convoque Jean-Marc le 25 février 2021 à 9h au Tribunal de police, palais de justice de Bordeaux, 30 rue des frères Bonie.

 

En parallèle, nous attendons la recevabilité de nos deux plaintes déposées le 19 août 2020 :

 

- Contre X pour tentative d'homicide, mise en danger de la vie d'autrui et destruction de matériel.

- Contre M. De Gabiole pour diffamation concernant ses propos dans l'article de la Dépêche du Bassin du 24 juin 2020.

 

Merci de soutenir financièrement notre petite association aux moyens très faibles (cotisation libre et aucune subvention) mais qui porte le Projet Alimentaire Territorial, à présent acteur-moteur incontournable travaillant avec le Conseil Départemental de la Gironde, la Chambre d'Agriculture, la SAFER, les communautés de communes, les municipalités, associations et AMAPs du territoire.

 

Soutenez-nous par la cagnotte Leetchi ou en envoyant vos chèques à notre adresse postale : Maison de Santé, 5 rue Jeangard, 33470 Le Teich.

 

Et, Venez nombreux le soutenir le 25 février, 9h au palais de justice de Bordeaux.

 

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